Galerie des Modernes

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Henri matisse

Fauvisme

(Cateau-Cambrésis, 1869 - Nice, 1954)

Fils d'un marchand de grains, Henri Matisse entreprend tout d'abord des études de droit et exerce la fonction de clerc d'avoué dans un cabinet notarial de Saint-Quentin dans l'Aisne.
À l'occasion d'une convalescence, il commence modestement à dessiner. Cette première expérience le conduit, en 1891, à s'installer à Paris pour apprendre la peinture. Ses professeurs sont le peintre académique Bouguereau, puis Gustave Moreau, plus proche des mouvements d'avant-garde contemporains. Il découvre ensuite l'impressionnisme, Turner, Cézanne, Gauguin, Van Gogh…

En 1904, après sa rencontre avec Signac, théoricien de la méthode divisionniste inaugurée par Seurat, il peint Luxe, calme et volupté. Mais cette toile ne le satisfait pas : «  Mes couleurs dominantes, sensées être soutenues et mises en valeur par les contrastes, étaient en fait dévorées par les contrastes, que je faisais aussi importants que les dominantes. Ceci m'amena à peindre par aplats : ce fut le fauvisme. »

En 1905, Matisse expose au Salon d'Automne un portrait de sa femme, La Femme au chapeau, qui fait scandale. Gertrude Stein raconte : « Les visiteurs pouffaient en regardant la toile, et on essayait de la lacérer. » Cependant, bien que décrié, le peintre sort de l'anonymat et s'impose comme chef de file d'une nouvelle école avant-gardiste.

À partir de cet événement, il ne cesse d'exposer et de vendre ses toiles. En 1909, notamment, le riche collectionneur russe Chtchoukine lui commande deux compositions, La Danse et La Musique. L'aisance matérielle que lui confère son succès lui permet d'effectuer divers voyages, comme ses deux visites au Maroc entre 1912 et 1913, qui enrichissent son œuvre.
Non mobilisé pendant la guerre, Matisse a alors 45 ans, il reste à Collioure, puis s'installe à Nice, où, jusqu'à la fin des années 20, il travaille presque exclusivement sur le thème du corps féminin.

En 1930, la recherche d'une autre lumière et d'un autre espace le conduit à entreprendre un long voyage pour Tahiti. De cette île, il ramène des photographies, des croquis, mais surtout des souvenirs. Ce n'est que bien plus tard qu'il parvient à intégrer l'expérience tahitienne à sa pratique picturale, à travers les gouaches découpées. À partir de 1941 et après une lourde opération chirurgicale, ce nouveau procédé donne naissance à ses ultimes chefs-d'œuvre dont Jazz en 1947, La Tristesse du roi, 1952, ou les projets pour la Chapelle de Vence entre 1948 et 1951.

En 1951, alors qu'il vient d'achever le dernier grand chantier de sa vie, la chapelle du Rosaire à Vence, Matisse résume en quelques mots près de cinquante ans de travail : « Cette chapelle est pour moi l'aboutissement de toute une vie de travail et la floraison d'un effort énorme, sincère et difficile. »
La longévité de son activité n'a pour équivalent que celle de Picasso, son contemporain, mais à la différence de ce dernier, Matisse a constitué une œuvre qui n'obéit qu'à une seule idée, la recherche d'un équilibre des couleurs et des formes, qu'il parvient à la fin de sa vie à imprimer à la matière, mais comme il y insiste lui-même, non sans effort.

On apprend en effet de Matisse que, du premier tableau qui le fait remarquer en 1904, Luxe, calme et volupté, à la chapelle de Vence, la simplicité, la fraîcheur, l'éclat évident et immédiatement perceptible qui caractérisent son œuvre n'ont pas vu le jour sans une longue méditation.
Pour réconcilier la couleur et le dessin grâce aux gouaches découpées, il lui a fallu recourir alternativement à la sculpture et aux aplats de couleur, c'est-à-dire abstraire la ligne de la couleur et inversement, afin de circonscrire leur puissance respective.
Pour que « art et décoration » ne soient « qu'une seule et même chose », il a interrogé l'architecture et perçu comment la peinture peut la transfigurer.
Enfin, pour que la peinture devienne cet « art d'équilibre, de pureté, de tranquillité, sans sujet inquiétant ou préoccupant, qui soit, pour tout travailleur cérébral, pour l'homme d'affaires aussi bien que pour l'artiste des lettres, par exemple, un lénifiant, un calmant cérébral, quelque chose d'analogue à un bon fauteuil qui le délasse de ses fatigues physiques » comme il le disait dès 1908, Matisse a suivi son intuition originelle. Il a ainsi traversé les grands courants coloristes d'un demi-siècle d'histoire de l'art, le divisionnisme, le fauvisme, l'abstraction, sans s'y perdre. 
Il lui a fallu aussi beaucoup voyager, en Bretagne, dans le midi, s'ouvrir à l'Orient en se rendant au Maroc, voir l'Amérique et l'Océanie.

Au terme de cette odyssée dans la couleur et au fil de l'arabesque, Matisse est devenu pour les artistes de la génération suivante, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, « l'oasis Matisse » comme le disait André Masson. Les peintres de l'abstraction américaine des années cinquante et soixante, de Rothko à Kelly, de Sam Francis à Motherwell, comme Hantaï et Viallat en France dans les années soixante, ont puisé dans la fraîcheur de son œuvre leur source d'inspiration.

 

 

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