Galerie des Modernes

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George Grosz

Dada, Expressionisme, Nouvelle Objectivité

(Berlin, 1893 - Berlin, 1959)

Né de parents modestes qui désiraient le voir intégrer une carrière militaire ou la fonction publique, Georg Grosz, s’inscrit finalement à l’âge de seize ans à l’Académie des Beaux Arts de Dresde, puis à l’Ecole des Arts Décoratifs de Berlin. En 1913, il vient passer quelques mois à Paris, où il découvre les œuvres récentes des cubistes. Enrôlé dans l'armée en 1914, il passe deux ans dans un régiment de grenadiers avant d'être réformé en mai 1917. La raison officielle de cette réforme argue d'une infection des sinus, bien qu'il soit resté quelque temps dans un hôpital psychiatrique militaire.

Baptisé « Maréchal Propagandada », Grosz organise avec Raoul Hausmann et Heartfield la première Foire Internationale Dada à Berlin, le 5 juin 1920. Il pratique l'exagération caricaturale et montre avec vérisme, l'état du monde de l'après-guerre. Il emprunte aux futuristes et aux dadaïstes, la représentation dynamique et fiévreuse des grandes villes, en particulier dans son œuvre emblématique Les Funérailles d'Oskar Panizza (1917).

Il se lie avec les frères John Heartfield et Wieland Hezfield, qui ont monté une petite maison d’éditions communistes et qui publient en 1917, ses premiers recueils de lithographies. Il participe comme illustrateur dans la plupart des revues Dada. A cette période, il est influencé par le futurisme et ses préoccupations de critique de la société et d’action politique à tendance nihiliste ne l’empêchent pas de poursuivre la recherche de nouveaux moyens d’expression plastique, tel que le photomontage. Adhérant aux idées communistes du Novembergruppe en 1918 et participant à l'insurrection spartakiste, Grosz est arrêté en janvier 1919. Il parvient à s'échapper grâce à de faux papiers d'identité. Avec Heartfield, il rejoint le parti communiste allemand (KPD). Il participe aux revues politisées berlinoises comme Der Blutige Ernst ou Die Aktion. Son antimilitarisme et son engagement pour un art prolétaire lui causent des démêlés avec la justice : revues saisies ou interdites de parution, condamnation pour insulte envers l'armée impériale, censure de recueils de gravures comme Gott mit Uns (1920).

En 1923, il fait paraître le recueil de dessins Ecce homo que la police de Berlin fait saisir chez les libraires. Dans cet ensemble, il dénonce le sadisme, le cynisme, les scènes de débauche de la bourgeoisie décadente de l’Allemagne d’après-guerre. Dans ses œuvres peintes à partir de 1920 et de la dispersion du groupe Dada, il avait évolué vers un art de plus en plus réaliste, notamment avec la Journée grise de 1921, pour se rapprocher en 1925, des peintres du groupe de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité), dont Otto Dix était l’animateur. Ce mouvement était en réaction contre la subjectivité et l’expressionnisme au profit d’un art objectif. Grosz, dont le style est très marqué par l’expressionnisme va donner cette inflexion au mouvement. 

A la suite d’un procès retentissant, qui le fit condamner à une forte amende et à la destruction de trente planches incriminées, il vint se réfugier, en 1924, à Paris et en Provence. Après sa halte en France, Grosz, anti-nazi, quitte en 1932 l'Allemagne alors qu'il été appelé à enseigner à l’Art Students’ League de New York, où il se fixe et adopte, en 1938, la nationalité américaine. Son style s'édulcore et verse dans un romantisme sentimental souvent considéré comme un déclin.

Il fut un membre important du mouvement Dada ainsi que de l'aile gauche du mouvement de la Nouvelle Objectivité.

En 1945, il obtint le second prix Carnegie. De nombreuses expositions ont été organisées, notamment en 1975 à Florence, en 1976 à Paris, en 1995 à la Neue National galerie de Berlin et au musée-galerie de la Seita à Paris.

Si l’on trouve dans sa période américaine l’apaisement momentané de quelques expressions romantiques et idylliques, la satire en reste la constante dominante qu’il exercera alors contre la matérialisme des classes moyennes américaines aliénées dans le cycle de la production-consommation, puis, après la Seconde Guerre Mondiale, dans des visions apocalyptiques, telle la série des Hommes-poissons.

Il regagne l’Allemagne quelques temps avant de mourir, en ayant achevé de peindre et de dessiner sa version moderne de la Danse Macabre du XXème siècle, dont il n’aura voulu traiter que le volet consacré aux damnés et aux causes de leurs condamnations. 

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