Galerie des Modernes

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Paul Signac

Néo-impressionnisme, Post-Impressionnisme, Pointillisme, Divisionnisme

(1863 – Paris – 1935)

La famille de Paul Signac, né à Paris le 11 novembre 1863, s'installe rue Frochot à côté de Montmartre. Signac étudie au collège Rollin. Il découvre les œuvres des impressionnistes et apprécie particulièrement celles de Gustave Caillebotte, de Mary Cassatt, d'Edgar Degas, de Claude Monet et de Camille Pissarro.

En copiant une œuvre de Degas lors d’une l'exposition, il se fait mettre à la porte par Paul Gauguin. L'année suivante il perd son père et sa mère, Héloïse, vend le commerce familial et s'installe à Asnières. Signac, outres la navigation et les bateaux, est passionné par la peinture. Le jeune homme se rend à l'exposition des œuvres de Manet, puis à celle de Monet présentée dans les locaux de la revue La Vie Moderne.

Signac décide d'arrêter ses études et de se consacrer à la peinture. En 1882, il rencontre Berthe Roblès qui devient son épouse en 1892. Ils fréquentent le cabaret le Chat Noir, et l'artiste loue un atelier, rue Steinkerque, qu'il partage avec Henri Rivière. Il s'inscrit à l'atelier de Bin et se lie d’amitié avec Le Père Tanguy. Ses premières toiles datent de cette époque là. Il peint des vues de Montmartre et d'Asnières, notamment Route de Gennevilliers. Il est marqué par l'impressionnisme et réalise des études féminines. Il participe aux soirées de la brasserie Gambrinus et y rencontre les personnalités du milieu symboliste, notamment Félix Fénéon, Gustave Kahn, Paul Adam et Jean Ajalbert. Grand admirateur de Claude Monet, il sollicite une rencontre avec lui et les deux artistes deviennent amis.

Signac expose à la première manifestation du Salon des Indépendants des tableaux qui témoignent encore de l'influence de son maître. Il y découvre une toile de Georges Seurat, Une Baignade à Asnières, dont la technique de séparation de la lumière et de l’ombre en accord avec leur équilibre et leur harmonie frappe Signac. Il rencontre Seurat auquel il conseille d'utiliser, comme les impressionnistes, les couleurs pures et d'abandonner ses couleurs terreuses.

Les deux artistes deviennent amis et créent avec Cross et Dubois-Pillet la Société des Artistes Indépendants. Seurat fait la connaissance du peintre Guillaumin que Signac admire beaucoup et lui présente Camille Pissarro. Tous sont séduits par les théories et la technique de Seurat et Signac signe son premier tableau pointilliste, Les Modistes.

En mai 1886, Paul Signac participe à la dernière exposition des impressionnistes, où figure également les Néo-impressionnistes dont Seurat. A l’occasion de cette exposition, Signac expose son œuvre, La Grande Jatte. Leur présence soulève des problèmes, Monet refusant d'exposer à leurs côtés. Ils sont finalement présents à part, dans une petite salle où le public qui s'est habitué aux impressionnistes trouve là une nouvelle occasion de rire et de s'indigner. Signac à partir de ce moment adopte entièrement la nouvelle technique mise au point par Seurat: le pointillisme. Le marchand Durand-Ruel présente une série de ses toiles à l'American Art Gallery de New York. Aux Indépendants, il expose sa toile, L'embranchement, Bois-Colombes.

En 1887, il rencontre Vincent Van Gogh dans la boutique du Père Tanguy et le convainc d'évoluer vers la peinture claire. Il achète un nouveau bateau et passe l'été 1888 sur la côte nord de la Bretagne. Signac fut un grand voyageur tout au long de sa vie, il se rend à Port-en-Bessin, en Normandie, et expose notamment à Bruxelles avec Seurat au Salon des XX. Il se lie avec le peintre anarchiste Maximilien Luce, qui adhère à la Société des Indépendants et prend une part active aux expositions qui sont organisées par le groupe.

En 1888, Signac travaille en Bretagne à Portieux où il apprend à la suite d'un article d'Arsène Alexandre que Seurat se voit contester la paternité du pointillisme par des camarades peu scrupuleux. Il croit se reconnaître parmi ceux-là et s'en offusque : il a toujours été admis que Seurat était le premier à avoir eu l'idée de mettre en pratique la science appliquée à la peinture et cet incident va l'éloigner de Seurat. En 1889, il collabore avec Charles Henry pour établir une esthétique des lignes. A Cassis, il rend visite à Van Gogh interné à l'hôpital d'Arles, Vincent lui donne en cadeau le tableau nommé Une nature morte aux harengs en remerciement. Félix Fénéon lui consacre un numéro des Hommes d'aujourd'hui.

En mars 1889, Seurat meurt brutalement à l'âge de 31 ans. Signac, sous le choc, part naviguer sur les côtes bretonnes. Il expose au Cercle des XX à Bruxelles et aux Indépendants. Le peintre est très isolé et fait de plus en plus figure de chef d'école du groupe néo-impressionniste. Pourtant, des dissensions apparaissent, notamment celle de Pissarro et de son fils Lucien qui critique sévèrement les tableaux de Signac présentés à la 7ème exposition du groupe des Indépendants, dont le portrait de Félix Fénéon. En 1892, il découvre Saint-Tropez et y fait construire une maison où il vit une partie de l'année jusqu'en 1911 et qui attire beaucoup d'artistes, il y peint des paysages marins.

Au début 1893, il débute sa toile Au Temps d'harmonie. Il organise des expositions du groupe à Paris, à l'hôtel Brebant, puis dans une galerie rue Laffitte où il va lui-même exposer ses toiles aux titres évoquant la musique. Sa peinture ne plait pas à tout le monde : Gauguin ironise, Octave Mirabeau lui reproche sa sécheresse et Geoffroy écrit « Pauvre Signac, on n'ose lui dire la vérité ». Signac est furieux et tient tout de même compte des critiques et, à partir de 1896, introduit plus de souplesse, notamment pour son œuvre La Jetée de Flessingue et la série sur le Mont Saint-Michel. Il part pour Londres rendre visite à Pissarro. Il débute la rédaction de son essai sur Eugène Delacroix qui paraît en 1899. En 1900 il participe à la préparation de l'exposition Seurat à la Revue Blanche et participe à la Libre Esthétique de Bruxelles.

En 1904, il expose cinq toiles aux Indépendants et y rencontre Matisse qu'il invite chez lui à Saint-Tropez. Matisse y peint l'esquisse de sa toile Luxe, Calme et volupté en appliquant le principe divisionniste à la grande satisfaction de Signac. Il continue ses voyages en Italie, à Gènes et à Venise d'où il ramène de très belles toiles. Il se rend à Marseille, à Rotterdam, à Constantinople, à La Rochelle où il loue une maison et peint avec son ami Marquet.

Il expose à la galerie Berheim-Jeune. En 1908, il est nommé président de la Société des Artistes Indépendants. En 1911, les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur lui sont remis par Renoir. Dès l'année 1913, il séjourne à Antibes une partie de l'année jusqu'à la fin de sa vie. Il participe à la création de Cercle et Carré, un groupement de la gauche intellectuelle qui lutte contre les atteintes à la liberté individuelle. Il quitte sa femme et s'installe avec sa maîtresse Jeanne au Cap d'Antibes.

Pendant la grande guerre l'artiste peint très peu, affligé par les horreurs du conflit. Il reprend ses peintures de représentation de ports à partir de 1918. Il écrit son ouvrage Stendhal, critique d'art et publie en 1927 un ouvrage sur le peintre Jongkind. En 1933, il devient membre du Comité de Vigilance des Intellectuels anti fascistes avec André Gide, Paul Nizan et Marcel Cachin entre autre et est promu commandeur de la Légion d'Honneur. Signac décède en juillet 1935 atteint d'urémie à l'âge de 72 ans. 

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