(Laval, 1844 - Paris, 1910)
Portrait de femme au bouquet de fleurs (Clémence Boitard, première épouse de l'artiste ?), circa 1900-1903
Huile sur toile
Signée en bas à gauche
H. Rousseau
18,3 x 14 cm
Provenance :
- Galerie L’Effort Moderne, Léonce Rosenberg, 19 rue de la Baume Paris 8e
(Etiquette au dos sur le châssis portant le n° 12)
Expositions :
- Le Douanier Rousseau L’innocence archaïque, Musée d’Orsay, Paris, du 22 mars au 17 juillet 2016, sous le n° 8
- Celník Rousseau : Malířův ztracený ráj, Národí Galeri v Praze, Palác Kinských, Prague, du 15 septembre 2016 au 15 janvier 2017 - Du Douanier Rousseau à Séraphine. Les grands Maîtres Naïfs, Musée Maillol, Paris, du 11 septembre 2019 au 19 janvier 2020, sous le n° 39
Bibliographie :
- Le Douanier Rousseau L’innocence archaïque, catalogue de l’exposition du Musée d’Orsay, sous la direction de Gabriella Belli et Guy Cogeval, textes de Elisabetta Barisoni, Gabriella Belli, Claire Bernardi, Guy Cogeval, Laurence des Cars, Angela Lampe, Annabelle Mathias, Yann Le Pichon, Elelan Pontiggia, Valerio Terraroli, Les éditions du Musée d’Orsay et les éditions Hazan, Paris, 2016, œuvre décrite à la p. 110 et reproduite en pleine page couleur à la p.111 sous le n° 8
- Le Douanier Rousseau L’innocence archaïque, Connaissance des Arts, Hors-Série n° 702, Paris, 2016, œuvre décrite et reproduite en couleur à la p. 6
- Celník Rousseau : Malířův ztracený ráj, Národí Galeri v Praze, catalogue de l’exposition de la Narodni Galerie de Prague par Kristýna Brožová, Ed. Jarmila Musilová, The National Gallery in Prague, 2016, œuvre décrite à la p.133 et reproduite en couleur à la p.50 - Du Douanier Rousseau à Séraphine. Les grands Maîtres Naïfs, catalogue du Musée Maillol, préfaces de Bruno Monnier et d’Olivier Lorquin, textes de Marion Alluchon, Yves Guignard, Jeanne-Bathilde Lacourt, Dany Sautot et Alex Susanna, Culturespaces, éditions Gallimard, Paris, 2019, œuvre décrite et reproduite en couleur à la p. 98, sous le n° 39
- Certificat d’authenticité de Monsieur Henry Certigny, en date du 9 mai 1993
- Certificat d’authenticité de Madame Dora Vallier, en date du 19 novembre 1995
Notre Portrait de femme au bouquet de fleurs est le pendant de l’Autoportrait au bouquet de Fleurs du Brooklyn Museum de New York. Il est très vraisemblable qu’il s’agisse du portrait de Clémence, la première épouse de l’artiste, adorée de lui mais décédée trop tôt. Rousseau voulu rendre hommage à son amour défunt en utilisant la symbolique des fleurs représentées dans chacun des deux tableaux : les roses signifiant l’amour et les myosotis « ne m’oubliez pas ».
Le Douanier Rousseau, Autoportrait au bouquet de fleurs, circa 1900-1903, huile sur toile, 18,7 x 14,6 cm - Brooklyn Museum, New York, USA (Legs de L. Barnes)
Le 14 août 1869, Henri Rousseau, alors qu’il avait 25 ans, épousa Clémence Boitard, qui elle en avait 19. Le couple aura 7 enfants dont un seul seulement parviendra à l’âge adulte. Après 18 ans de mariage, l’épouse adorée décéda de la tuberculose le 7 mai 1888, avant son 38e anniversaire, dans l’appartement du couple au 135 rue de Sèvres à Paris.
Henri Rousseau se remaria le 2 septembre 1899 avec Joséphine-Rosalie Nourry, qui mourut en 1903.
Jeanne-Désirée-Clémence Boitard, première épouse d'Henri Rousseau. Portrait photographique
Henri Rousseau, âgé de 63 ans et regardant son passé, écrivit une lettre le 19 décembre 1907 dans laquelle il confia combien il avait adoré sa première épouse, qui malheureusement était tuberculeuse. Il écrivit “. . . ma pauvre femme . . . quitta cette terre . . . après vingt ans de pure union sacrée, chacun vivant pour l’autre . . . ces vingt années furent la joie de ma vie . . .” “J’étais seul. Le grand vide; surtout les deux yeux, qui m’ont tellement manqué dans ma vie. Ah! Cela aurait été mieux si j’étais, moi-aussi, parti avec elle.”
Henri Rousseau composa même une valse qu’il intitula Clémence et qui fut publiée par l’Académie de Littérature et de Musique de France.
En 1899, Rousseau recopia un tableau conçu en 1890, un double portrait sur lequel on reconnaît Rousseau lui-même et Joséphine. Au dessus d’eux, dans les nuages, on aperçoit les visages de rousseau jeune et de sa première femme Clémence. Rousseau intitula son tableau Le Passé et le Présent et l’accompagna du texte suivant :
« Etant séparés l’un et l’autre
De ceux qu’ils avaient aimés.
Tous deux s’unissent de nouveau,
Restant fidèles à leur pensée ».
Le Douanier Rousseau, Le Passé et le Présent ou Pensée philosophique, 1891 , huile sur toile, 84,5 x 47 cm - The Barnes Foundation Philadephie, USA
Vers la même époque que notre tableau, Henri Rousseau peignit également une paire de portraits du même esprit, le représentant ainsi que sa seconde épouse, tourné l’un vers l’autre de trois quart, chacun accompagné cette fois-ci d’une lampe à pétrole.
Le Douanier Rousseau - Portrait de l'artiste à la lampe, c. 1900-1903 - huile sur toile, 23 x 19 cm - Musée Picasso, Paris // Portrait de la seconde femme de l'artiste, c. 1900-1903 - huile sur toile, 23 x 19 cm - Musée Picasso, Paris
Ces deux célèbres tableaux faisaient partie de la collection personnelle de Picasso, grand admirateur du Douanier Rousseau. Il ne se sépara jamais de ces deux petits portraits et l’un des biographes du maître catalan confia que lorsque Picasso finissait une peinture, il allait la comparer à ces deux portraits pour voir si elle tenait.
Picasso dans son atelier tenant deux tableaux du Douanier Rousseau de sa collection personnelle - Photographie
La Galerie de l'Effort Moderne (1924-1941) est une galerie d’art créée par Léonce Rosenberg au n° 19, rue de la Baume dans son hôtel particulier à Paris. Léonce Rosenberg (Paris, 1879 – Neuilly-sur Seine, 1947), fut un des premiers défenseurs de l'Art Abstrait et du Cubisme, qu'il découvrit chez les marchands de tableaux Ambroise Vollard et Wilhem Uhde en 1911, avant de pousser la porte de la galerie de Daniel-Henry Kahnweiler en 1912. Il commença alors à collectionner les œuvres de Picasso, Braque, Gris, Herbin, Léger, Severini, Csaky, Laurens, Valmier, Gleizes, Metzinger… Durant la Première Guerre Mondiale, il fut un appui et un soutien moral et financier pour ces artistes. Après la Grande Guerre, il se retrouva ruiné mais exposa les œuvres qu'il possédait dans sa Galerie de l’Effort Moderne et s'ouvrit à toutes les formes du Cubisme ; il montra également Mondrian, Ozenfant et Picabia. Dans sa galerie, il organisait également des matinées littéraires et musicales.
Les collections d’art de Kahnweiler et Uhde furent séquestrées au début de la Première Guerre Mondiale (incluant des œuvres de Braque, Dufy, Gris, Laurencin, Herbin, Léger, Metzinger, Picasso et Henri Rousseau) et furent vendues par le gouvernement lors de plusieurs ventes publiques à l’Hôtel Drouot en 1921. Léonce Rosenberg fut désigné comme l’expert de ces ventes. Haut lieu de l'aventure de l'Art Moderne, la Galerie de L'Effort Moderne ferma définitivement en 1941 par suite des lois antisémites.
Wilhelm Uhde (1874-1947) fut un collectionneur, galeriste et critique d’art allemand. Il a travaillé surtout à Paris et joua un rôle important dans l'histoire de la peinture française du début du XXe s. Après l’Italie, Uhde s’installa à Paris en 1904, où « la beauté était omniprésente » ; il y rencontra Ambroise Vollard, Kahnweiler et les Stein, etc. Il commença à acheter des œuvres de Picasso et de Braque, encore inconnus. Il contribua à faire également connaître la Peinture Naïve, et en particulier les œuvres d’Henri Rousseau, il organisa sa première exposition personnelle en 1909 et publia en 1911 la première monographie concernant ce peintre.